10h42 CET
03/11/2024
Piqué par sa chute de la veille, Francesco Bagnaia a signé une victoire à l'orgueil lors du Grand Prix de Malaisie de MotoGP, dimanche à Sepang, mais le titre semble promis à son rival Jorge Martin, deuxième d'une course spectaculaire.
L'Italien (Ducati) a ferraillé roue contre roue avec son concurrent (Ducati-Pramac), à la manière de boxeurs sur asphalte, avec le championnat du monde dans le viseur.
Après plusieurs dépassements dans les trois premiers tours, Bagnaia a fini par prendre l'avantage, pour signer une dixième victoire qui l'inscrit dans l'histoire de son sport.
Le double tenant du titre est devenu le sixième pilote à avoir remporté au moins dix GP durant la même année, aux côtés de Valentino Rossi, Giacomo Agostini, Marc Marquez, Mick Doohan et Casey Stoner.
Mais le record laisse un goût amer à l'Italien, coupable de trop d'erreurs lors des courses sprints. S'il s'est bien relevé, les conséquences de sa chute de samedi restent palpables au classement.
Martin compte 24 points d'avance sur lui au moment de quitter Sepang où ni la chaleur, ni les aléas d'un GP bouleversé par un drapeau rouge au premier tour, ni l'agressivité de son rival ne l'ont perturbé.
Il apparaît dans une position idéale pour remporter sa première couronne dans la catégorie reine, lors du prochain GP, le dernier de la saison, mi-novembre.
Le promoteur de MotoGP privilégie Barcelone pour remplacer le circuit de Valence, initialement prévu, mais rendu inutilisable par des inondations dévastatrices qui ont endeuillé le sud-est de l'Espagne cette semaine.
- interruption -
"Mathématiquement, c'est possible, mais on sait que c'est difficile. A Barcelone, tout peut arriver. J'ai bien chuté alors que je menais la course sprint (en mai). Les conditions seront plus dures qu'en mai", a lancé Bagnaia, que seul un miracle semble pouvoir sauver son rêve de triplé.
Disputée sous près de 35 degrés, la course en Malaisie a livré un scénario à rebondissements, qui a testé les nerfs d'un paddock sous tension.
Un accident au départ, dès le deuxième virage, a provoqué une interruption durant une vingtaine de minutes, dans un climat d'inquiétude au vu des images glaçantes de la scène.
Au moment de sa chute, l'Australien Jack Miller (KTM) a heurté avec sa tête la roue arrière du Français Fabio Quartararo (Yamaha) qui, déséquilibré, a aussi terminé dans les graviers.
Les premiers examens médicaux n'ont pas décelé de "blessure sérieuse" pour le pilote australien, selon les organisateurs.
- bataille dans le "respect" -
Au deuxième départ, Bagnaia et Martin ont repris leur mano a mano de façon spectaculaire. L'Italien, parti de la pole, a pris le meilleur envol, mais l'Espagnol semblait ne pas vouloir se contenter de la deuxième place.
Les deux pilotes se sont doublés à onze reprises lors des trois premiers tours, et se sont même touchés, mais sans commettre l'erreur qui aurait pu compromettre leurs projets au championnat du monde.
Le Turinois a fini par prendre le dessus et creuser l'écart. Martin a lui géré la deuxième moitié de la course, sans personne pour le contester. Longtemps au contact du duo de tête, l'Espagnol Marc Marquez (Ducati-Gresini) a chuté à treize tours de la fin.
"On n'avait jamais eu une bataille comme ça. A la fin, il a pris l'avantage, et c'était trop risqué pour moi de continuer à attaquer. Je suis très content, on a perdu le minimum de points", a expliqué Martin.
Les deux pilotes ont tenu à afficher leur entente après la course, et se sont félicités de leur combat dans les règles de l'art. "Le respect, c'est le plus important, et ça le restera toujours", a assuré Bagnaia.
Côté français, Quartararo a terminé sixième, sa meilleure performance de l'année en GP et Johann Zarco (Honda-LCR), onzième.
"On a fait une belle course. On est parti avec la deuxième moto qui avait un moteur avec pas mal de kilomètres, mais on s'est bien battus", a réagi Quartararo.