20h52 CET
29/10/2024
Issu de la cuvée exceptionnelle du basket français à la draft l'été dernier, Tidjane Salaün (19 ans), choisi en N.6 par les Charlotte Hornets, attaque sa carrière NBA avec "confiance", prêt à "passer les étapes" comme les héros de mangas qu'il affectionne.
Resté sur le banc lors du succès des Hornets à Houston mercredi en ouverture de la saison, Salaün, victime d'une entorse du majeur de la main gauche, n'a pas non plus foulé le parquet lors de la confrontation avec les Hawks à Atlanta vendredi, où il aurait pu retrouvé son compatriote N.1 de la draft Zaccharie Risacher.
Il a fallu attendre la réception des Miami Heat samedi (défaite 114-106) pour que Salaün sorte pour la première fois du banc. En huit minutes jouées, le Rookie français a tenté un seul tir à trois points, manqué, et réalisé un unique rebond défensif, secteur où il est attendu.
Mais le joueur découvre un nouvel univers, et l'assimilation se passe bien. "Je me suis bien intégré avec tout le monde, le staff et les joueurs, des vétérans comme Grant Williams et Miles Bridges ont bien facilité mon intégration", expliquait-il jeudi à l'AFP dans l'hôtel de luxe du centre d'Atlanta où séjournaient les Hornets.
Salaün, entre deux cours d'anglais, est impressionné par les installations et le professionnalisme de sa franchise entre cuisine, diététique et soins: "C'est carré!"
Nouvelle pépite venue de Cholet (comme avant lui Rudy Gobert, Nando de Colo, Rodrigue Beaubois...), le deuxième joueur le plus jeune en NBA cette saison (il a fêté ses 19 ans le 10 août) sait qu'il est particulièrement attendu par son coach Charles Lee en défense.
"C'est ce qui va me permettre d'avoir des minutes. Et après, simplement de jouer efficace. C'est-à-dire prendre les tirs quand je suis ouvert, faire les bons choix et prendre des rebonds."
Salaün (2,03 m), ailier ou ailier-fort, espère entrer dans la rotation d'une équipe dont le cinq de départ semble bouché.
- "Meilleure mentalité" -
Sa "confiance", il la forge en lisant les biographies de Kobe Bryant ou de Derrick Rose, "pour la deuxième fois".
Il trouve aussi son inspiration dans la fiction, en particulier dans le manga shonen "My Hero Academia", son fond d'écran de téléphone, où le personnage principal Izuku devient un héros sans posséder au départ de pouvoir, contrairement à ses amis et adversaires.
Comme lui ? "Tout ce qui m'arrive actuellement, j'ai l'impression que c'est pareil, je me compare vraiment. J'ai dû développer mon envie, chez les jeunes je n'étais pas celui qui était mis en avant, chaque année, comme dans My Hero Academia, j'ai passé des étapes. En arrivant en NBA, je recommence une histoire à zéro."
Tidjane Salaün s'inspire aussi de sa soeur aînée Janelle (23 ans), médaillée d'argent olympique avec les Bleues en août.
"Quand j'étais jeune, dit-il, je ne faisais pas vraiment d'extra. Janelle aimait trop les entraînements supplémentaires, elle était déjà fixée sur ses objectifs. Elle savait qu'elle voulait être professionnelle, alors que moi, c'était pour le plaisir, je m'en fichais un peu."
Le Francilien connaît "un déclic" en intégrant le pôle espoir d'Ile-de-France puis le Pôle France à l'Insep en 2020.
"J'ai tout simplement suivi les traces de ma sœur dans le sens du travail. Elle avait la meilleure mentalité."
- Message de Wembanyama -
Sa position de draft, exceptionnelle, a été banalisée par les deux dernières années des Français: Salaün a été devancé en 2024 par Zaccharie Risacher (N.1) et Alexandre Sarr (N.2); l'année précédente, Victor Wembanyama était sorti en tête, Bilal Coulibaly en N.7.
L'an passé, dans un moment "un peu galère" alors qu'il évoluait encore, dans le championnat Elite français, il sollicite Wembanyama. "J'ai demandé des conseils à +Wemby+. Avec son parcours, il a montré que le travail compte et comptera toujours, ça m'inspire de ouf."
Le phénomène des San Antonio Spurs lui envoie en réponse "un long texte".
"Je suis un peu dégoûté parce que, sans faire exprès, j'ai appuyé sur un bouton et ça n'a pas enregistré, ça c'est Snapchat.. Ce texte-là m'avait vraiment beaucoup aidé. Il m'a fait extrêmement plaisir et je l'ai appliqué à la lettre, c'étaient des conseils sur le mental, la façon de gravir les échelons."
Appelé par le passé chez les jeunes en sélection nationale, il se dit "intéressé" par l'équipe de France dans le futur. "Mais ce n'est pas mon objectif premier, c'est ma carrière déjà en club."
A l'image de ses héros, Salaün entend franchir les étapes progressivement.