06h32 CEST
15/06/2025
La Ferrari "semi-privée" N.83, aux mains notamment de l'ancien pilote de F1 polonais Robert Kubica, a remporté dimanche les 24 Heures du Mans, offrant à la marque italienne un fabuleux triplé, après ses succès en 2023 et 2024.
Cette victoire cache aussi des premières historiques: Yifei Ye, le coéquipier de Kubica et du Britannique Phil Hanson, devient le premier Chinois à s'imposer dans la plus prestigieuse course d'endurance automobile de la planète. Kubica devient pour sa part le premier Polonais.
"Mon rêve était de gagner Le Mans", a savouré Yifei Ye dans un français quasi-parfait. Et pour cause: le Chinois est arrivé au Mans à l'âge de 14 ans "pour pouvoir devenir pilote professionnel", a-t-il expliqué.
La Ferrari N.83 devance la Porsche officielle N.6 et les deux Ferrari d'usine, la N.51 victorieuse en 2023, et la N.50 gagnante l'an dernier. Les deux Toyota, qui partaient également favorites, terminent sixième et seizième.
Il s'en est fallu de peu pour que l'écurie au Cheval cabré ne s'offre un triplé sur la ligne d'arrivée, ce qu'elle avait fait deux fois en 1961 et 1965. Elle en a été privée par le talent des pilotes de la Porsche, dont le Français Kévin Estre, qui ont arraché la deuxième place à deux heures de l'arrivée.
- Glamour -
Ce succès de la marque la plus glamour du sport automobile contribuera aussi à asseoir la réputation grandissante du championnat du monde. Délaissé par les grandes écuries dans les années 2010, outrageusement dominé par Toyota qui n'avait pas de concurrent à sa hauteur, le WEC s'est réinventé en 2021 en lançant la catégorie des "Hypercars".
Des prototypes magnifiques, mais au budget plus abordable pour les grands constructeurs que les anciennes LMP1, et un règlement parfois controversé, conçu pour favoriser le spectacle: une "balance de performance" qui permet aux organisateurs d'équilibrer les performances des voitures, en imposant des handicaps de poids et/ou de puissance aux plus véloces d'entre elles.
L'idée a séduit puisque 21 "Hypercars" étaient cette année au Mans, représentant au total huit marques prestigieuses.
Dimanche, pour la première fois de l'histoire du Mans, les quatre premiers étaient séparés à l'arrivée par moins de 30 secondes.
La course s'est jouée en plusieurs actes. Après une première bagarre entre grandes équipes dans les quatre premières heures, Ferrari a pris le contrôle des opérations. Samedi soir, les trois bolides de l'écurie italienne se sont portés en tête et, après être sortis gagnants d'une longue nuit de bagarre, ils pouvaient même, à trois heures de l'arrivée, espérer truster les trois premières places.
- Estre fait le show -
Mais les pilotes de la Porsche N.6 ont sorti le grand jeu. La veille déjà, le Français Kévin Estre avait fait le show en remontant de la 21e place sur la grille à la quatrième, en tout juste 1h15. Et pendant la nuit, la N.6 avait constamment titillé les Ferrari.
En début d'après-midi, après un relais tonitruant du Belge Laurens Vanthoor pour recoller aux Ferrari, l'Australien Matt Campbell s'est emparé de la troisième place. Kévin Estre a arraché la deuxième, éjectant du podium l'équipage de la Ferrari N.50, vainqueur l'an dernier.
"C'était une course pour nous", a déclaré Estre à la presse. "Nous n'avons pas fait d'erreurs, la voiture a bien fonctionné, aucune pénalité, rien (...), nous pouvons être fiers de ce que nous avons accompli, mais il y a vraiment beaucoup de frustration et de déception", a-t-il encore reconnu.
Derrière, Cadillac a fait honneur à sa pole position obtenue en qualification, plaçant une voiture en 5e position. Alpine en revanche, qui ambitionnait de se mêler à la bagarre, n'a pas tenu le rythme. Les deux voitures au A fléché terminent à deux et trois tours du vainqueur.
Pour Peugeot enfin, pas de miracle. La marque française au Lion termine aux 11e et 17e places, au niveau où elle a été toute la saison en WEC.
Par ailleurs, l'ancien roi du MotoGP Valentino Rossi, qui participait à ses deuxièmes 24 Heures du Mans en catégorie LMGT3 (voitures issues de la série), a été contraint à l'abandon pour la deuxième fois en deux ans.