07h42 CET
16/11/2024
En quête d'un troisième succès consécutif face à des Néo-Zélandais venus "régler leurs comptes" après avoir vu leur mythe pâlir ces dernières années, les Bleus de Fabien Galthié vont pouvoir jauger leur niveau samedi au Stade de France, afin de lancer un nouveau cycle.
En 2021, la victoire flamboyante des coéquipiers d'Antoine Dupont face à la Nouvelle-Zélande (40-25) avait été un moment marquant du mandat Galthié, annonçant une année 2022 exceptionnelle, que la France avait terminée invaincue, Grand Chelem à la clé lors du Tournoi.
Celle de 2023, en ouverture du Mondial à domicile, avait elle été acquise dans la douleur (27-13), annonciatrice de certaines lacunes des Bleus, notamment en défense. Des faiblesses qui avaient coûté cher dès le quart de finale, perdu face à l'Afrique du sud, future championne du monde.
Une victoire face aux All Blacks version 2024 offrirait quelques certitudes aux Bleus, impuissants face à l'Irlande lors du Tournoi (38-17), mis en échec par l'Italie (13-13), vainqueurs en tremblant de l'Angleterre (33-31), et toujours en recherche d'un match référence cette année.
Le succès trop facile face au Japon, éparpillé 52-12 la semaine dernière, n'a pas pu offrir beaucoup d'enseignements, mais a servi de "match de préparation", des mots mêmes de Galthié, avec quelques bribes d'un jeu plus porté sur la possession du ballon qu'auparavant.
La leçon pourrait prendre une autre tournure face aux All Blacks, "une équipe en train de régler ses comptes après avoir vécu certaines années difficiles. Ils veulent reprendre le leadership mondial", a prévenu Galthié jeudi en annonçant la composition d'équipe.
Finalistes malheureux du dernier Mondial, deuxièmes du Rugby Championship, les All Blacks de Scott Robertson semblent avoir trouvé la bonne carburation cet automne.
- "Le défi est immense" -
Implacables dans le combat, redoutables d'efficacité sur leurs ballons d'attaque, les Néo-Zélandais ont rappelé qu'il ne fallait pas les enterrer trop vite, grâce à deux victoires acquises avec autorité en Angleterre (24-22) et en Irlande (23-13).
La Nouvelle-Zélande est "capable de répondre à toutes les formes de rugby, c'est un une équipe qui est très bonne sur les phases de conquête pure, dans le combat, sur le jeu au sol, sur le jeu aérien et avec toujours autant de vitesse", a énuméré le sélectionneur français.
Pas de quoi inquiéter le centre des Bleus Gaël Fickou. "C'est du 50/50", estime-t-il, tout en sérénité comme beaucoup de ses camarades, pas plus complexés que ça par les triples champions du monde (1987, 2011, 2015).
"On a l'opportunité de gagner mais aussi celle d'en prendre 50", a averti dans la semaine l'entraîneur des avants William Servat, du haut de ses mésaventures de joueur.
"Ça fait longtemps qu'on n'a pas joué les All Blacks à ce niveau-là. Le défi est immense", juge à l'unisson Galthié.
Immense, le défi le sera aussi pour l'arrière des Bleus Romain Buros, balancé dans le grand bain pour sa première sélection, un des choix forts de Galthié que ce match doit valider. "C'est le rêve. Il n'y a pas un joueur en France qui ne veut pas jouer ce match-là", a répondu Galthié, écartant les inquiétudes sur ce saut dans l'inconnu, plutôt que de reconduire Léo Barré.
Ce match, Matthieu Jalibert, titulaire lors du Mondial-2023, aurait sans doute aimé aussi le jouer. Rentré à Bordeaux, l'ouvreur de l'UBB ne sera pas sur la feuille de match, autre décision forte de Galthié.
La lourde tâche d'occuper l'ouverture face à la légende Beauden Barrett (132 sélections, meilleur joueur du monde en 2016 et 2017) reposera donc sur les épaules de Thomas Ramos, plutôt porté vers l'arrière, et de l'inévitable Antoine Dupont, prêt à glisser à ce poste en cours de match.
Des choix assumés par le sélectionneur, porté depuis cet automne sur "l'émulation" et "le projet collectif" du XV de France. Ce match "est un moment important pour 2027" et la prochaine Coupe du Monde, assure Galthié. Reste à voir dans quel sens.